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Cumuler plusieurs emplois en Suisse : un piège silencieux pour votre retraite

Le cumul de plusieurs emplois est devenu une réalité courante en Suisse. Qu’il s’agisse d’un choix personnel, d’une nécessité économique ou d’une recherche d’équilibre entre vie professionnelle et privée, de nombreux travailleurs occupent deux ou plusieurs postes à temps partiel. Pourtant, peu d’entre eux mesurent l’impact réel de cette situation sur leur future retraite.

En Suisse, le système de prévoyance repose sur trois piliers. Le deuxième pilier (la LPP – Loi sur la prévoyance professionnelle) vise à compléter les prestations de l’AVS (1er pilier) afin de maintenir un niveau de vie adéquat à la retraite. Or, ce deuxième pilier présente une faille majeure pour les personnes occupant plusieurs emplois : les seuils d’assujettissement ne sont pas cumulatifs.


Le fonctionnement de la LPP en bref

La prévoyance professionnelle devient obligatoire lorsque les conditions suivantes sont réunies :

  • Le revenu annuel de l’employé dépasse 22’050 CHF (valeur 2025)

  • L’emploi dure plus de trois mois

  • L’employé est âgé d’au moins 17 ans (pour les risques) ou 25 ans (pour l’épargne vieillesse)

Ce système fonctionne bien pour les personnes exerçant un emploi principal avec un revenu régulier. Mais pour les personnes ayant plusieurs emplois, la situation peut devenir problématique.


Exemple concret

Prenons l’exemple de Sophie, une femme de 32 ans, vivant à Lausanne. Elle occupe deux emplois à temps partiel :

  • Elle travaille 40 % dans un café pour un salaire annuel de 18’000 CHF

  • Elle travaille 30 % dans une école privée pour un revenu de 12’000 CHF par an

Son revenu total est donc de 30’000 CHF par an, ce qui dépasse largement le seuil d’assujettissement à la LPP. Pourtant, aucun de ses deux employeurs n’est tenu de l’affilier à une caisse de pension, car aucun ne lui verse individuellement plus de 22’050 CHF par an.

Résultat : Sophie n’est affiliée à aucune caisse de pension, et elle ne cotise pas au 2e pilier. Elle cotise uniquement à l’AVS (1er pilier), qui n’est pas suffisant à lui seul pour garantir un revenu de retraite décent.


Les conséquences d’une absence de cotisation LPP

Cette situation peut sembler anodine à court terme, mais elle a des répercussions significatives sur le long terme :

  • Pas de capital de prévoyance constitué dans le 2e pilier

  • Absence de rente d’invalidité professionnelle en cas d’accident ou de maladie

  • Pas de couverture pour les survivants (conjoint, enfants) en cas de décès

  • Risque de dépendance accrue à l’AVS, qui couvre en moyenne à peine 30-40 % du revenu antérieur

  • Risque de précarité à la retraite, surtout si cette situation perdure sur plusieurs années


Des solutions existent

Heureusement, il existe des moyens de remédier à cette lacune, encore trop peu connus :

1. Adhésion volontaire à une institution collective de prévoyance

Certains organismes permettent aux personnes cumulant des emplois à temps partiel de s’affilier volontairement à une caisse de pension, sous certaines conditions. Cela implique de regrouper les différents revenus pour atteindre le seuil requis.

2. Caisse supplétive ou fondation 2e pilier

La Fondation Institution supplétive LPP permet une affiliation volontaire pour les personnes non obligatoirement assujetties à une caisse de pension mais souhaitant cotiser.

3. Prévoyance individuelle (3e pilier)

Le 3e pilier devient un complément essentiel pour toute personne avec des lacunes dans le 2e pilier. Il permet de constituer une épargne retraite avec des avantages fiscaux, particulièrement utiles pour les indépendants et travailleurs précaires.

 

Le cumul de plusieurs emplois ne garantit pas une meilleure protection sociale. En matière de prévoyance professionnelle, il peut même créer des zones grises et des lacunes importantes. Il est donc crucial d’anticiper ces effets et de chercher des solutions adaptées à sa situation personnelle.

Comprendre les règles de la LPP, évaluer ses cotisations effectives et prendre des mesures proactives est indispensable pour assurer une retraite digne. Ne pas le faire, c’est risquer de se retrouver avec un revenu insuffisant, malgré des années de travail.

Chez Pilet conseille, nous nous tenons à disposition pour effectuer une analyse détaillée de votre situation de prévoyance. 

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